A l'occasion du 100e anniversaire d'Elmar Tophoven

Tarot de Paname

Pour Elmar

 

l’influenceur du cinquième

sans ascension passe par le sas

de sa boule de Somme

son stigmate enflairé de Jardin d’antimoine

 

en vérité

il y a des fruitiers

de tapisserie qui

ne passeront pas l’été

 

il fait son cirque

à Massimo et sa Campagne

avec sa basse

gazeuse de momie

 

où sont les neiges

de l’hôtel

des Grands Hommes

où est passé

 

mon guet

de la parcheminerie et

le cartier de petite échoppe

devenu Lombard

 

la môme qui s’est offerte

à l’angle du boulevard

aux clochards

sur le balcon du pharmacien

 

Liana apprécie-t-elle l’extrait

comme les nymphes

de péréquation

du Pausilippe altier

 

dans son enfer de bagnole

sous le gros tronc hirsute

d’un platane du troisième cercle

près du philodendron mellifère

 

et des odeurs de vivisection

le poète de dessous

sent-il le parfum

qu’il ne connaît pas

 

un relent bath

qui le ferait prendre

par la gauche

comme une jolie rousse

 

ce jovial taxi russe

vers l’autre bord du verbe

inosé par mon feu

boomer de père Elmar

 

très tôt le matin

il y a cinquante ans

à Londres

sortant des pubs

 

juste avant le recueil

le Pétrarque des deux eaux

de la villa Massimo

de Cologne

 

Brinkmann

l’un de mes transferts

est sur le point

d’expirer

 

vous savez

je suis de la Renaissance

et ça serait pareil

avec Tibère

 

j’ai encore quelques gratuits

à vernir

un cinquième de couverture

remisée pour l’ermite

 

je vous suis

sur tous les rhizomes

et j’ai trois folles au vert

sur la mer jolie

 

en deux lignes

mon pélikan n’attrape

que des petits bars

sauvages


mon tambour à colonnes

noircirait

votre grain

sans le moudre

 

ici même

une autre plume

a écorché un officiant

dois-je faire appel

 

au virgile d’en face

pas non plus grandi

chez les hapax

de l’Ile de la Cité

 

espèce de tiret du six

va faire ta rondelette

de sentinelle et reviens

par le boulevard pour ton sospeso

 

rapporte si la Margherite chiffre

et si les pas de porte

passent de ta fripe à ma bouche

dit le Max

 

seul et pensif

je m’ébranle

par la rude aise

la rue des échos

 

sous l’arcade de l’observatoire

le carré magique

le square du pendule

le cardo et le decumanus maximus

 

Elmaro 

de l’amphithéâtre Michelet

tombe dans les bras d’un Dante

della Terza

 

sans qu’ils ne se remémorent

les promenades à Sant’Angelo

et leur foi commune

dans une victoire finale

 

puis en mansarde au vingt-quatre

avec juste de quoi blottir

sa carte de l’Impératrice

et grossir sans moi

 

il est toujours à la grande vitre

déformante du domicile

à attendre que son pays

lui livre des femmes pour mon fils

 

invité en voyage

d’un traitement de texte à l’autre

montant au Panthéon

dans la turne de Celan puis Saturne

 

soixante-quatorze ans

soixante-quatre ans

quarante ans

trente-cinq ans

 

qui est le maître de céans

dans ces arènes

à la fin du jour

seul bruit de pas

 

des mollets massifs

de l’Orient traversé

qui m’enserraient

dans la baignoire

 

sans jamais croiser  

les guiboles de sculpture de son Sam

en marche vers le régal

Gît-le-Cœur

 

fais-ton rond d’eau

touriste

tu seras pardonné

par l’Effeuillée

 

ton pays c’est

plein de fantômes

qui ne pensent qu’à

l’Italie

 

la villa Finaly

où ta camarade

te sema un soir dans le jardin

après la contredanse

 

qui vit peut-être

encore folle

aux Etats-Unis

sans souvenir

 

sinon au fond des rêves

de temps en temps

comme moi encore

une tentative timide et éperdue

 

chassée par l’appétit

du chat blanc

chez lui avec la friture

d’une tortue de Florence

 

mais moi

mon bourdon

ma coquille

on y est aussi

 

aux rayons sombres

si finement

garnis

de Panier Piano


Jonas Tophoven