Foire de Francfort 2017 : les archives de traducteurs en débat

Les archives de traducteur, quelle idée ?


(JT) Sur l’espace de conférence géré par l’institut français de Stuttgart, Hall 3.1, soit sous cette immense carapace métallique autoportante qui offre un contraste saisissant avec les bunkers des niveaux du hall 4, la matinée d’ouverture du 11 octobre a commencé par une table ronde centrée autour de la question des archives de la traduction. Auparavant, dans un espace de conférence adjacent, le fédération des traducteurs littéraires allemands avait décerné son prix annuel à Maja Sybille Pflüger, pour le remercier de ses efforts visant à faciliter la vie des traducteurs, notamment par l’octroi de bourses, dont les bourses « Tophoven ». Justement, il y a exactement un an, Erika Tophoven avait soumis son nouveau projet à la Fondation Bosch. Il s’agissait d’étendre le cadre de l’attribution des bourses, justement, à des interventions pour valoriser les archives des traducteurs.

De fait, l’une de ces bourses a été attribuée depuis pour faciliter les recherches autour de la personne du traducteur Emile Charlet. Andrea Prins venait faire état de ce travail aux côtés d’Erika Tophoven et de Patricia Klobusiczky
la traductrice présidant l’association allemande des traducteurs littéraires. La table ronde était animée par Jürgen Jakob  Becker, un acteur clef du milieu littéraire berlinois et allemand. Erika Tophoven a plaidé pour que les traducteurs d’aujourd’hui fassent l’effort de laisser des traces de leur travail, de leurs recherches. La chose  est pourtant loin d’être courante encore. Certes, les traducteurs qui bénéficient de bourses sont tenus de rendre compte de leur travail, mais les compte-rendus ne sont pas toujours détaillés. L’idée centrale d’Erika Tophoven, c’était son expérience personnelle. Influencée par son mari mais souhaitant développer une activité de traductrice littéraire autonome, Erika Tophoven s’était sentie obligée, dans les années 70, d’appliquer la méthode transparente à des traductions pourtant plus populaires, comme Fantomas. Ce qui lui semblait au début un peu fastidieux n’a cessé ensuite de l’aiguiller et l’auto-observation lui a procuré un plaisir de traduire croissant.


A cette époque, l’idée même de procéder ainsi avait été remise en cause par l’approche syndicale qui soulignait le manque de marge de manoeuvre économique des traducteurs. Un demi-siècle plus tard, rien n’a changé, sinon ces bourses qui peuvent soulager certains acteurs et qui contribuent souvent à rendre une traduction tout simplement possible. Une fatalité ? Ou bien les traducteurs ont-ils loupé le train ? Car on peut se demander ce qui se serait passé à l’époque s’ils avaient profiter des nouveaux outils informatiques pour mettre en valeur leur travail intellectuel. Et comme on en est au même point maintenant qu’il y a cinquante ans, la question mérite d’être reposée.

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 Hall 3.1, 11 octobre 2017, 11h30

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De gauche à droite : Jakob Jürgen Becker, Erika Tophoven, Andrea Prins, Patricia Klobusiczky

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 Patricia Klobusiczky répond à Erika Tophoven