On ne peut pas haïr Chaplin

Il existe désormais un sous-genre littéraire plus amusant que la littérature de la Première guerre mondiale ou la littérature de la Shoah, celui où apparaît en fiction le personnage de Samuel Beckett. Moi qui pensais que l’écrivain était finalement descendu au Purgatoire pour venir s’asseoir à côté de Belacqua, et qui m’interrogeais sur ce monde des Lettres où, quand ce que décrit Beckett devient le quotidien, on préfère lire ailleurs…

Ne parlons pas de ce plagiat d’un certain Kadivar, publié par Gallimard, reproduisant fautivement un beau livre allemand de ma mère, épuisé et non publié en français. Dans la famille, on était outrés par l’indélicatesse de Gallimard et les erreurs de Kadivar, ça nous a même mis en froid avec une revue vénérable allemande, Sinn und Form, où ma mère avait ses habitudes. Pourtant, il faut reconnaître que ce Kadivar a peut-être créé le sous-genre de fiction avec Beckett, un domaine d’écriture plein de malices et d’inexactitudes, bien plus facile d’accès que l’Oeuvre.

Peut-être cependant que la primauté revient à Martin Page avec son livre sur Beckett et ses ruches sur le toit de la tour de logements du Boulevard St Jacques. Ce n’est pas un plagiat, mais cela reste une filouterie car même ma mère ne savait pas trop ce qu’il en était, au juste, et s’est empressée de retrouver dans l’œuvre de son maître des citations attestant de l’intérêt de Beckett pour ces insectes.

Il y a eu un livre se mettant dans la peau de Beckett à un certain moment, je crois, et aussi un livre sur la période finale au Tiers-Temps, sans doute bien d’autres encore de part le monde. Il s’agit finalement d’une autre sous-genre, la « mise dans la peau de Beckett », moins efficace à mon sens. La veine principale se poursuit ailleurs avec Anne Serre et son merveilleux petit texte sur l’annonce de la mort de Beckett. L’autre jour chez Compagnie, sur la table du libraire, j’ai pris un livre intitulé « La scierie » parce que je travaille dans le bois, un libraire en passant me l’a chaudement recommandé sans que je ne lui demande rien, à la caisse j’ai commencé à lui parler des livres disparus, dont Huc, « La croisée des chemins » de Jan Yoors ou « Les Nuits révolutionnaires » de Restif, mais Huc était encore commandable au fond de la boutique. En revenant de ma commande, j’ai remarqué la couverture du « Centre d’appel des écrivains disparus » avec Hugo et un casque audio. Comme il était question de Beckett sur la quatrième de couverture, je me suis dit que ça pourrait intriguer ma mère et à la caisse, j’ai demandé au libraire pourquoi ce roman n’est pas mis en exergue à la librairie Compagnie vu qu’il parle de Beckett. Le libraire pensait que je parle de l’ouvrage « Compagnie » de Beckett, qui l’est effectivement.

J’ai lu l’ouvrage d’Aymen Gharbi (le Centre d’appel) qui cadre exactement avec les règles du sous-genre, plein d’imagination. Cela dit, j’étais un peu déçu pour ma mère car le personnage de Beckett n’est pas vraiment développé. Hier je suis retourné chez Compagnie où j’étais bien obligé de venir chercher le livre du père Huc que j’avais commandé pour ne pas avoir l’air con, et je suis aussi passé chez Eyrolles dont j’ai rapporté des livres sur la Chine qui pourraient intéresser ma mère, un livre sur son Segalen en Chine, et un autre d’Albert Londres, économiques. En rentrant, je m’aperçois que le fameux amateur de Beckett luxembourgeois Edmond Decker m’a posté des captures soigneusement arrangées d’un chapitre d’un livre où il est question de Beckett à Ussy. C’était pas très commode à lire sur le smartphone mais pour moi si bien écrit et ciblé que je suis tout de suite reparti chez Compagnie pour le commander, il était en fait sur la table du libraire avec une note de lecture, pas loin de « La scierie » que mon fils a emporté du côté de la Chine.

J’ai cherché la bio du professeur de littérature Cyril Maillard de Paris 8 cité dans le chapitre sur Beckett à Ussy et j’en ai vite déduit que c’était une imposture. J’ai commencé à lire les autres chapitres avec l’impression que le Sibérien aussi est une invention, et j’ai même, ignare que je suis, pensé que le mot myrobolan est dérivé de mirobolant, que la plante décrite est également une invention. J’ai pas encore tout lu car je suis parallèlement sur les livres chinois pour ma mère (Huc lui plaira certainement). Comme je viens de « finir » l’autobiographie de Charlie Chaplin trouvée en langue originale sur le rack de la librairie Vignes, à côté, pour 2 euros, quelque chose me poussait ces derniers jours à rajouter un fake sur la rencontre entre Beckett et Chaplin. Sauf que le 15 août est passé, que le travail reprend de plus belle, et que j’ai trop d’admiration pour la fluidité parfaite de la prose de l’auteur italien du myrobolan pour me mesurer à lui.

Je reste quand même intrigué par l’autobiographie de Charlie Chaplin, si simple et précise au début puis complètement à la dérive avec l’évocation de ses rencontres un peu vaines avec toutes les sommités de la terre. Toutes, mais pas Beckett. J’ai regardé sur internet de quoi Charlie Chaplin a l’air disons pendant la seconde moitié des années 60, si possible avant le Nobel, pourquoi pas pendant les événements de mai 68 si tant est que Charlie dispose d’une limousine qui lui permet de faire l’aller-retour du Lac Léman à Paris avec un seul plein (une Jaguar avec ses deux réservoirs). Son secrétaire a pris contact par écrit avec Jérôme Lindon (l’oncle de Vincent Lindon), et Lindon a soumis à Beckett la proposition de Chaplin à l’occasion de l’un de leurs rendez-vous de travail réguliers. Beckett et Chaplin ont donc convenu de se voir début mai 1968 à l’avance, sans anticiper les événements évidemment. Pour Chaplin qui se sentait devenir un peu gâteux, l’idée de quitter la Suisse pour se plonger dans le Paris des émeutes et voir Beckett par-dessus de marché s’apparentait finalement à une fontaine de jouvence, il n’a pas laissé Oona le dissuader, il a joué la partition du caprice de vieillard. Pour une fois, ce n’était pas lui qu’on invitait et se disputait dans les dîners mondains où il tentait de faire bonne figure du haut de ses quelques mois de scolarité. Un caprice ? Chaplin voulait-il compléter son tableau de chasse avec une proie farouche ? Appréciait-il le travail de Beckett ? Ou bien était-il sûr que cette visite ne donnerait lieu à aucune de ces mondanités et publicités qu’il supportait de moins en moins, encore que ça fait plaisir tout de même ?

Ils auraient pu se voir à Ussy et ce serait aussi une forme de compliment de ma part à l’auteur du myrobolan, mais la limousine aurait fait jaser, et Beckett lui-même manquait d’essence pour sa dodoche (comment aller à Ussy, mais d’un autre côté, comment mettre le 2CV en sécurité une fois que les batailles de rue ont commencé ?). Disons donc qu’ils avaient convenu de se voir à Ussy, que Beckett avait imaginé ouvrir le portail pour dissimuler la limousine, si tant est que cela était possible (grosse limousine, petit portail). Il avait avisé Chaplin par l’une de ces petites cartes brèves rédigées en anglais avec une écriture que le secrétaire personnel de Chaplin et Oona avait mis un certain temps à déchiffrer. C’est d’ailleurs Oona qui l’avait taquiné de temps en temps au sujet de Beckett, elle aimait bien En attendant Godot et estimait que c’est presque une sorte de plagiat de Chaplin. Elle avait suggéré à son mari de jouer Lucky à l’occasion de l’un de ces anniversaires familiaux et intimes, ne serait-ce que pour l’aider à tromper le déclin de ses facultés. Chaplin avait apprécié le monologue en connaisseur. Il voulait tenter de se le remémorer pendant le long chemin vers Ussy, même si cela risquait de lui donner la nausée. Pour ce qui est de la rencontre, Chaplin avait fait croire à Oona que c’est Beckett qui le sollicitait.

Bon, Beckett s’était réfugié à Ussy avant les grèves des pompistes, donc il ne reste qu’à vérifier que le portail autorise le passage d’une grosse voiture. Pour Chaplin, cette excursion flairait enfin l’aventure, car Beckett n’avait évidemment pas le téléphone à Ussy, il avait expliqué précisément comment trouver la maison sur l’une de ses petites cartes à en-tête. Lindon qui aurait aimé assister à la rencontre s’étonnait des prévenances de Beckett, qui n’accueillait même plus Lindon à Ussy. Je pense que Beckett a voulu faire une surprise d’amour à Barbara Brey avec qui il voulait partager le printemps 68 à Ussy. Il n’en avait évidemment parlé ni à Chaplin, ni à Lindon, ni à Barbara. Beckett avait l’intention de pousser Barbara dans ses retranchements, de lui faire avouer qu’à elle aussi, Ussy devenait ennuyeux à la longue, même avec son Sam, le lui faire avouer juste un peu avant que Chaplin ou son chauffeur ne se pointe à la porte. Beckett avait réfléchi et s’imaginait pertinemment que Chaplin imaginait une rencontre austère et technique entre hommes de l’art. Que le chauffeur exténué par le long périple se serait senti mal à l’aise, prétextant de faire une sieste dans la voiture pendant la durée de la rencontre. Beckett s’imagina que les domestiques de Chaplin doivent être des personnes particulières. Sans aucun doute le chauffeur parlerait anglais. Il ne pourrait pas lui offrir une rasade de whiskey, mais un jus d’orange du petit frigo, l’installer sur une chaise dans le jardin s’il ne fait pas trop frais. Il aurait faim et Chaplin aussi, le mieux était de mettre la table pour quatre et de voir comment les choses se développeraient ensuite, si le chauffeur allait piquer un somme dans la voiture, si Chaplin tournerait de l’œil à son tour, si Barbara, sentant que Chaplin avait envie de parler de Schopenhauer, s’éclipserait pour laisser Sam seul avec Charlie. L’idée de recevoir Chaplin et son chauffeur lui plaisait au-delà de l’amusante surprise pour Barbara. Pourquoi Chaplin voulait-il le voir ?  Et d’ailleurs, Beckett avait-il envie de voir Chaplin ? Bon, ça ne se refuse pas, et Beckett n’était pas passé à côté du vaudeville dans sa longue vie, les Actes sans paroles le rappellent bien. Est-ce que Chaplin venait à cause de Buster Keaton ? En tout cas, certainement pas pour « Comment c’est » ou « L’Innommable » dans les versions anglaises qu’il avait eu tant de peine à traduire. Peut-être Chaplin avait-il vu « Fin de partie », « Krapp » ? Chaplin, ça ne se refuse pas, même quand on est Beckett à Ussy avec Barbara un printemps de sa soixantaine précoce juste avant le Nobel, à vrai dire exactement à mon âge à moi qui doit livrer incessamment des dossiers sur le bois.

Chaplin est arrivé avec sa limousine, le chauffeur est venu sonner, non, c’est Charlie qui est descendu, il a cherché en vain la sonnette, mais Sam avait entendu la limousine se garer, il a tout de suite ouvert le portail si tant est que ce soit possible et s’est retrouvé devant Charlie Chaplin, les deux se connaissaient de vue évidemment. Beckett lui a demandé s’il a fait un bon voyage et s’est inquiété de la grève des pompistes, Chaplin lui a expliqué qu’il a pris la grosse limousine à cause des réservoirs qui permettent « de traverser les Etats-Unis d’Est en Ouest ». Beckett a dit que venir de Suisse n’est pas très reposant, il l’a fait une fois en 2CV pour aller contempler Ronchamp et l’île de Jean-Jacques Rousseau, mais ne le referai plus. Il s’est tourné vers le chauffeur qui a baissé la vitre et il s’est présenté, I’m Sam, pour lui proposer de garer la limousine dans le jardin. Il a blagué que l’essence manque tant ici que le réservoir serait plus en sécurité dans le jardin. Non, le chauffeur n’a pas baissé la vitre, il est bien sûr descendu de la limousine et s’est incliné, faut croire que Chaplin avait parlé de Beckett au chauffeur pendant une bonne partie de la route. Comble de surprise, le chauffeur était Irlandais, originaire de Cork. Barbara, qui ne savait rien, était apparue à la porte et se tenait en retrait, complètement hallucinée comme on dit par ce spectacle. Beckett se tourna vers elle et lui présenta Chaplin ainsi que le chauffeur dont il avait appris le prénom. Chaplin s’excusa de ne pas être venu avec des fleurs (de toute façon, les fleuristes étaient en grève). Beckett s’excusa auprès de Chaplin d’avoir voulu faire une surprise à Barbara, et ajouta que de toute façon cette visite resterait secrète. Il pria Chaplin d’entrer, le chauffeur avait déjà garé la voiture et Barbara s’occupait de lui. Heureusement qu’elle était là car ensuite, les débuts de la conversation furent ensuite plutôt poussifs. A table sur la terrasse (mais y avait-il une quelconque terrasse ?) Sam tentait de mettre à l’aise le chauffeur en évoquant l’Irlande et en forçant son parler de Dublin de sa voix alerte et fluette, tandis que Barbara expliquait à Chaplin que personne ne vient jamais ici en visite, qu’ils ont pourtant passé une nouvelle fois ici parmi les plus beaux jours de leur vie commune (a-t-elle été si directe ?) et qu’elle espérait que l’endroit ne semblerait pas trop glauque à Mr Chaplin (le tout en anglais évidemment, gloomy ?). Charlie a demandé s’il pouvait utiliser les toilettes. La table était mise et Barbara comprit pourquoi Sam lui avait demandé exceptionnellement de cuisiner, et de cuisiner un plat britannique qu’elle savait faire (ce n’était pas une grande cuisinière au demeurant). Est-ce que Chaplin veut un Whiskey ? Est-ce qu’il ne préfère pas se dégourdir un peu les jambes avant de passer à table ? Nous n’avions pas convenu d’une invitation à dîner, voulut remarquer Chaplin, je voulais juste prendre un café. Mais il se ravisa en pensant que peut-être Beckett pensait que Chaplin avait prévu un dîner mondain le même soir. Je vous remercie de votre prévenance car comme nous n’avons pas eu l’intention de faire étape à cause de ce que vous savez, nous avons roulé d’une traite et je dois dire que mon chauffeur et moi-même sommes fatigués et affamés. Ça sent d’ailleurs très bon. C’était le côté british de Chaplin qui ressortait, sa capacité d’adaptation, et pourtant il avait vraiment l’air fatigué et Sam s’accusa de cette idée de se voir ici dans ce dénuement sans le laisser passer par l’étape régénératrice du palace. Où aurions-nous pu nous rencontrer autrement ? souria Chaplin.

Mister Beckett, I am delighted of your work etc. but if you don’t mind, as I am the oldest by far, I propose that we use our first names. In case you don’t mind that I am an englishman… Beckett prend la perche et parle de l’Anglaise Barbara. Charlie s’intéresse à la BBC, à ses programmes, il les suit régulièrement de Suisse. Beckett entraîne le chauffeur. Barbara parle de pièces radiophoniques à Chaplin qui écoute. Chaplin pose des questions techniques à Barbara sur les bruitages. Bien sûr il a écouté All that fall et Cascando mais il est tout particulièrement séduit par Words and Music. Ça lui a donné l’envie de faire une pièce radiophonique, sur le tard, mais il a peur de se ridiculiser. Il n’était quand même pas venu à Ussy pour discuter métier ou pour que Beckett lui crée ce rôle qui hantera ensuite toutes les dernières pièces de Samuel Beckett ??

Beckett n’a pas envie de parler de ses pièces radiophoniques et il singe un peu Chaplin en répétant qu’évidemment il a vu tout Chaplin et qu’il a été particulièrement séduit par… everything. Beckett plus british que Chaplin. Chaplin sent qu’il faudrait changer de sujet et demande des nouvelles de Buster Keaton, il ne le connaissait pas très bien mais c’était un petit monde là-bas. Il se souvient qu’il a discuté avec Keaton des effets scéniques, Chaplin refusait toute violence réelle dans les tournages, ne serait-ce que parce qu’il était douillet, comme il dit. Mais il était scandalisé par les risques que Keaton semblait prendre pendant ses tournages à lui. Et Keaton de vouloir lui faire croire que tout cela n’est qu’une impression produite chez le spectateur. Je dois dire que quand j’ai appris que vous êtes allé faire un film avec ce vieux Buster, j’ai été un peu jaloux. D’un autre côté, cela fait soixante ans que je dirige les films où je joue, je ne sais pas trop si ça aurait collé entre nous. De fil en aiguille, ils se mirent à parler d’Eisenstein, puis d’Eisler, de Brecht etc, Beckett était aussi très intéressé à en savoir plus sur Gandhi, sur Clara Haskil, Nijinsky, Dylan Thomas… C’est pas que Charlie la ramener, mais c’était Sam et Barbara qui lui soutiraient insidieusement ses souvenirs. Fallait croire qu’ils avaient bien lu tous les deux sont autobiographie (Barbara l’avait conseillé à Sam à un moment de profonde déprime autour de la rédaction d’Oh les beaux jours). Le chauffeur était parti faire un somme dans la voiture et le crépuscule arrivait. Barbara et Sam sentait que Charlie était fatigué, qu’il lui fallait encore rejoindre son palace à Paris si ce dernier n’était pas en grève et si les rues étaient encore pavées. Comme pour faire une blague, ou par courtoise, Sam proposa à Charlie de refaire une halte à son retour vers la Suisse, vu que maintenant il connaissait le chemin. Et c’est ce que Chaplin se mit tout de suite en tête. Il n’avait pas grand-chose à voir à Paris, avec toutes ces grèves, Sartre, Godard et Langlois étaient trop occupés, de Gaulle rentrait de Baden un peu penaud, Picasso s’était enfermé dans le midi… Ah, s’il avait encore la jeunesse, il aurait cherché sur place des gags pour un « Charlot manifestant » avec Jeanne Moreau. Les canons à eau, les couvercles de poubelle en bouclier, les matraques… Si le chauffeur en était encore capable, ils se promèneraient en voiture dans les rues désertes ou animées, et si la limousine prenait un pavé dans le pare-brise securit ce serait une anecdote. De toute façon, l’heure n’était pas aux palaces et celui où son secrétaire avait réussi à prendre une suite ne lui inspirait rien. Il demanda si Sam et Barbara aiment les huîtres et revint le lendemain à midi avec du caviar, du champagne et toutes sortes de gâteries trouvées on ne sait où. La limousine cette fois resta garée devant le portail. Chaplin expliqua que son chauffeur devrait le ramener le jour même, sans quoi sa famille s’inquiéterait. Le déjeuner ne fut pas frugal. Barbara et Sam en profitèrent pour questionner encore Charlie sur le vaudeville britannique et les premières tournées aux Etats-Unis, sur Debussy, les champions de boxe et de tennis. Sam et Barbara jouaient à trouver quelqu’un que Chaplin ne connaissait pas. Le bougre avait gardé une terrible mémoire de ses rencontres, le champagne le décillait, il revivait tout ça et s’amusait bien. Peut-être aussi qu’il inventait un peu, surtout avec cette histoire d’Ezra Pound sur le transatlantique. A la fin, Charlie pris congé et s’installa dans la limousine pour y faire une longue sieste pendant le chemin du retour. Enfin seuls, Sam et Barbara se couchèrent avec les restes du champagne, des huîtres et du caviar pour une sieste crapuleuse et bacchique dont personne n’a jamais rien su.