The Chinese Version of Vol. One of The Letters of Samuel Beckett

Volume One of The Letters of Samuel Beckett (Cambridge UP, 2009) has recently been published in Chinese by Hunan Literature and Art Publishing House based in Changsha City of People’s Republic of China. The following three volumes are to come out in Chinese in late 2022. It’s the first version rendered in Asia, and marks a further stride forward in the translation of SB after The Complete Collection of SB approached the Chinese readership in 2016.

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The translator Bo Cao, a professor of English literature from Hunan Normal University, stayed at Emory University, Atlanta, in 2019 and put a last touch to the four-year-long translation of Vol. One under the guidance of Lois Overbeck. He has published the essay “The Chinese Translation of Samuel Beckett: A Critical History” in Irish University Review 3(2021). During his stay at Trinity College Dublin in 2012, he also produced the Chinese translations of Murphy, Watt and other works by SB.

The Chinese translation is the continuation of the constructive cooperation in the international SB community.

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While collecting SB’s letters since 1987, the editors Martha Fehsenfeld and Lois Overbeck came from America, and Erika and Elmar Tophoven generously shared with them SB’s letters from their collection. 14 letters have been published in the second volume. The Tophoven Archive beares more then hundred letters Beckett send from the fifties until the late eighties. These letters give an insight in the way Beckett and the Tophovens worked together for decades.

Jonas Tophoven commente : Samuel Beckett a vécu dans une période européenne où la Chine ne comptait quasiment pas. Bien sûr les travaux dirigés par Bernard Banoun sur l'histoire de la traduction française au XXe siècle montrent le travail de pionnier des traducteurs des classiques chinois. Mais la façon dont Bert Brecht s'inspire de la culture chinoise est plutôt rare en Europe. Quant à Samuel Beckett, la Chine est présente dès le premier roman, Dream. A l'inverse, l'Europe a peu de repères quand à la façon dont l'Oeuvre de Beckett a été perçue en Chine au fil des années. Ce n'est pas tout à fait comme la réception dans le monde communiste européen du vivant de l'auteur, qui connaît une brusque mise à l'index au cours des années 70 avant un dégel vers 1983. En 1980, un automobiliste d'Allemagne de l'Ouest qui passait la frontière pour Berlin se voyait confisquer "En attendant Godot". Ce n'était pas la censure britannique qui corrigeait la descente du pantalon et l'éjaculation des pendus, c'était simplement dresser une sorte de mur. Et cette mise à l'index a été décidée par la fédération des écrivains de RDA, même si la décision a fait l'objet de controverses dont il reste encore les procès-verbaux. La Chine suit une autre voie, sans doute plus tardive, et l'Oeuvre de Samuel Beckett y connaît un peu le même engouement décalé que dans le monde de la littérature castillane. Dans le monde, il y a des zones culturelles de l'après-Beckett, des zones culturelles fondues de Beckett et des territoires en phase de le devenir. Du vivant de Beckett, sa renommée en Allemagne (de l'Ouest) était au zénith, presque sans comparaison avec sa patrie d'adoption, la France. Aujourd'hui, on peine à trouver en Allemagne, Autriche ou Suisse des chaires de littérature anglophone ou comparée spécialistes de Beckett, et pour les éditeurs, il n'est plus un auteur qui fait gagner de l'argent. C'est aussi pourquoi les lettres de Beckett, mais aussi les journaux de bord des années 30 ne sont toujours pas publiés en Allemagne. Pas en Allemagne, mais en Chine Populaire ! Il existe une route de la soie dont on ne parle jamais, c'est la route de la soie culturelle et elle agit notablement dans le sens opposé à celui que l'on croit. Bientôt les universitaires chinois en sauront plus sur notre littérature européenne du XXe siècle que nous. Et ce qui se passe là est le prélude de cette appropriation par la traduction qui a marqué l'âge d'or de la littérature allemande au tournant de 1800. La Chine ne s'enrichit pas seulement en vendant des robots-cuiseurs. C'est aussi son esprit qui s'enrichit et à l'inverse, la période de rattrapage après l'éclipse brutale et périodique de la civilisation chinoise en Europe est loin d'être terminée. 

Quand on pense que la traduction en allemand d'un roman de LU Min, paru en Allemagne il y a deux ans, a été financée par le gouvernement chinois ! Existe-t-il des exemples analogues dans l'autre sens, je veux dire, pas le financement de traductions de la Bible, mais de la traduction en Chinois d'ouvrages européens marquants du XXe siècle ? Pas forcément la Recherche du temps perdu, d'ailleurs. Gageons qu'il n'existe aucune politique culturelle européenne de ce type actuellement. Ni l'idée d'un échange. Rien que la polarisation xénophobe, la mise à l'index de la Chine grande émittrice de carbone en occultant sciemment qui nous réimportons une grand part de ces émissions, que le GIEC se garde bien de comptabiliser.